Ce dimanche 15 octobre, une nouvelle intervention policière a eu lieu aux alentours du parc Maximilien, à Bruxelles. Les forces de l’ordre y ont arrêté de nombreux migrants présents au moment même où ceux-ci attendaient, aux côtés de bénévoles, la venue de tous ces citoyens qui se proposent, depuis quelques semaines, de les héberger à domicile.
N’ayons pas peur des mots : il s’agit d’une véritable rafle, qu’il s’agit de condamner avec la plus vive fermeté. Ce n’est malheureusement pas la première. Cette fois, elle s’est donc déroulée sous le regard atterré de citoyens qui posent un acte solidaire pour pallier à la défaillance de la politique d’accueil de notre pays.
En tentant de casser cet élan de solidarité, une couche d’ignominie supplémentaire s’ajoute à la politique soi-disant « humaine mais ferme » du gouvernement fédéral qui frappe de plein fouet les personnes migrantes présentes sur notre territoire.
Le MOC tient en outre à rappeler qu’en enfermant les personnes migrantes (dont de nombreux ressortissants soudanais) dans le but de les expulser, l’État belge se met en marge du droit. Ces derniers jours, plusieurs tribunaux belges, francophones comme néerlandophones, ont en effet ordonné la libération ou suspendu l’expulsion de Soudanais. Ces tribunaux ont jugé que l’État belge ne pouvait pas expulser de migrants vers le Soudan sans s’assurer qu’ils ne risquaient pas d’y être soumis à un risque de torture ou de traitements inhumains contraires à l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’Homme. Le MOC demande donc l’arrêt immédiat des rafles de migrants.
À défaut de la politique d’accueil humaine et solidaire que nous revendiquons depuis bien trop longtemps, le MOC exige, a minima, que le secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Théo Francken respecte le droit.
Il s’agit aussi de pointer du doigt la responsabilité de la Région de Bruxelles-Capitale dans ses atermoiements quant à l’ouverture d’un centre d’accueil pour migrants.
Enfin, le MOC interpelle le bourgmestre de la Ville de Bruxelles, notamment en sa qualité de chef de la police : comment est-il possible d’envisager l’action policière avec si peu d’humanité ? Comment oser s’aligner sur la politique inhumaine du gouvernement fédéral ? Comment assumer de vouloir rompre le lien de solidarité que tente de créer des citoyens et des bénévoles envers des personnes migrantes dans le besoin ?
Christian KUNSCH,
Président du MOC
Article paru dans l'édition du 20 septembre du journal L'Echo.
Au lendemain du 19 juin, ce jour où les majorités francophones ont basculé dans le vide, poussées d'une main ferme par le cdH de Benoît Lutgen, le Mouvement ouvrier chrétien (MOC) avait exprimé toutes ses craintes sur l'avenir. Crainte d'une droitisation du paysage politique francophone, d'un stand-by imposé dans les chantiers lancés par les majorités régionales et communautaires.
Autant de peurs aujourd'hui confirmées. "On est dans une législature cruciale. Celle qui suit la 6e réforme de l'Etat. Le citoyen attend que les différents niveaux politiques garantissent les services dont il a besoin. Sur les allocations familiales, les soins de santé. Cela représente une hausse de 41% du budget wallon. On ne peut pas se rater. Mais on est à mi-législature, et l'attelage change. Et on peut craindre que le partenaire libéral veuille imprimer sa marque."
Kunsch comprend-il ce qui s'est passé le 19 juin dans la tête de Benoît Lutgen? "Les partis ont leur stratégie, tout comme les mouvements sociaux ont la leur. On jugera de ce que la stratégie du cdH aura donné. Lutgen a fait ce qu'il pensait devoir faire, c'est son problème. Nous, on regardera les conséquences. Mais je me demande s'il a pris la mesure des effets collatéraux. Regardez la Fédération Wallonie-Bruxelles. Elle n'a pas la reconnaissance de l'ensemble du monde politique. N'a-t-on pas rouvert la boîte de Pandore d'une régionalisation de l'enseignement et la culture?"
Le cdH seul responsable?
Le cdH de Benoît Lutgen est pourtant, a priori, le parti le plus proche du MOC, coeur de cible du mouvement, même s'il clame haut et fort son indépendance ("Eux, c'est eux, nous, c'est nous", dit Christian Kunsch). Serait-il seul responsable dans tout ça? Christian Kunsch recadre: "Je ne vais pas minimiser la responsabilité de mandataires qui s'en sont mis plein les poches. C'est scandaleux, cela mine la démocratie et alimente le populisme. Maintenant, balayons devant notre porte. Le PS n'a pas l'apanage des scandales... Mais pour faire face à cela, j'aurais plutôt vu des états généraux de la gouvernance..."
Cela ne valait donc pas cette crise? "Cela valait un arrêt sur image, poser des règles plus strictes, accepter un contrôle. Mais qu'a-t-on vu? De la surenchère, de la tactique politicienne. Là où il aurait fallu un réel débat démocratique, avec l'écoute de la société civile."
La conclusion de Christian Kunsch est sombre. "Je crains qu'au terme de cette saga de l'été, le citoyen ne soit encore moins compréhensif vis-à-vis du politique." C'est là, à ses yeux, que le MOC et les autres organisations auront leur rôle à jouer. Aider le citoyen à comprendre, à mesurer les enjeux.
En attendant, le MR est au pouvoir à la Région. Et difficile pour Christian Kunsch de nier la clarification du paysage politique apportée par son arrivée. Les perspectives que cela ouvre pour l'avancement de dossiers liés aux transferts des compétences. De l'huile dans les rouages institutionnels. "Oui, mais pour aller dans quel sens?" La réponse qu'il pressent n'a rien de positif à ses yeux...
"Quand on voit ce qui se fait au niveau fédéral, où on diminue la protection sociale, où on diminue les services publics, où on amaigrit l'administration, et à côté de ça, Chastel qui dit 'je vais transposer ce qui se fait au Fédéral en Wallonie'... Cela suscite plus de craintes que d'apaisement..."
Arrêt en plein vol
Le président du MOC a beau afficher un sourire jusqu'aux oreilles face à nous, rire dans sa barbe, son discours n'en contraste que d'avantage. Il pointe ce qu'il voit comme des "arrêts en plein vol" des projets régionaux. "La coalition PS-cdH avait un accord pour la réforme des APE (les aides publiques à l'emploi), le MR a dit 'stop'. Va-t-on avoir la même chose avec les allocations familiales? Et l'assurance autonomie?"
On lui demande s'il pense réellement que les libéraux sabreront dans les budgets consacrés à l'aide aux familles, aux personnes âgées. "Avec la réforme de l'Etat, les entités fédérées reçoivent des compétences sans avoir 100% des moyens financiers. Le momentum est des plus délicats. Quelle est la politique fiscale qui doit être menée? Le MR parle de diminuer les impôts. Où est la cohérence? Avec le tax shift ajouté au reste, la Wallonie est en déficit de 460 millions..."
Pour Christian Kunsch, la direction prise est limpide. On va droit vers une période dure. "Quand le gouvernement wallon dit: 'on va rendre 150 millions à la population au travers de la réforme fiscale', il donne de l'argent qu'il n'a pas. On est déjà en déficit. On va faire cela, puis on dira que la loi de financement n'a pas prévu de donner les moyens nécessaires pour gérer les allocations familiales, l'assurance dépendance..."
Christian Kunsch tacle ce qu'il juge être une politique court-termiste, qui ne fait que caresser l'électeur dans le sens du poil. Avant de le raser... "C'est cela de la bonne gouvernance?" s'insurge-t-il. Cette bonne gouvernance au nom de laquelle le cdH a tiré une balle dans la tête de son partenaire socialiste. "La gouvernance, elle est partout, y compris dans les finances publiques."
Le MR et le cdH vont-ils laisser se creuser le trou budgétaire? Alors qu'au Fédéral, Charles Michel devra rendre des comptes à l'Europe? "On va prendre sur le fonctionnement des administrations", dit Christian Kunsch. Simple. "Le discours de la majorité n'est pas de dire qu'on va compenser par d'autres recettes fiscales. Donc, que reste-t-il..."
Dépit? Ou colère? Comme celle qui ronge les syndicats, dont le discours repart dans le registre va-t-en- guerre? "J'ai toujours pensé que l'important, c'est la concertation. Mais que va-t-il advenir des grands projets qui ont été négociés avec les syndicats? Ces accords résultent de débats intenses, je peux en témoigner. Alors quand il y a compromis, ceux qui l'ont forgé s'attendent à ce qu'il se poursuive. Si on rebat les cartes, il faudra s'attendre à des réactions. Mais chaque organisation est autonome, ce n'est pas moi qui vais dire aux syndicats quoi faire."
Verra-t-on Christian Kunsch en tête de cortège aux côtés de Marie-Hélène Ska (CSC), Robert Vertenueil (FGTB), Olivier Valentin (CGSLB)? "Si la CSC décide d'actions, oui. Tout comme si la Mutualité chrétienne décide de se mobiliser. Mais ce que j'entend surtout actuellement au sein du mouvement, c'est une demande d'explication. Les militants veulent comprendre ce qui s'est passé, et les conséquences que cela aura."
Nathalie Bamps
Article à lire sur le site du journal L'Echo

Le climat politique actuel, terni par les affaires et par un désenchantement grandissant à l’égard du travail des mandataires publics, mérite bien évidemment des réactions fermes et radicales.
Le MOC s’interroge toutefois sur la stratégie qui vise à remplacer le PS, empêtré dans des affaires de mal gouvernance, par le MR qui tant à Bruxelles (Uccle, Ville de Bruxelles) qu’à Liège (Publifin) ou au niveau fédéral (Kazakhgate) se trouve également dans la tourmente. Rappelons que le CDH lui-même n’est pas exempt de tout reproche dans différents dossiers qui concernent la gestion de l’argent public.
L’inquiétude est également grande de voir revenir au pouvoir aux niveaux régional et communautaire, le MR, un parti qui n’a cessé ces dernières années de construire une politique antisociale caractérisée au niveau fédéral (saut d’index, recul de l’âge de la pension, « tax shift »...)
Qu’adviendra-t-il des dossiers emblématiques comme le Pacte pour un enseignement d’Excellence, la finalisation des accords du non marchand, la réforme des allocations familiales, l’assurance autonomie ou encore une nécessaire réforme fiscale ? Qu’adviendra-t-il aussi de la résistance wallonne au CETA ?
Les enjeux de la fin de législature sont énormes dans les entités fédérées. Il est fondamental que des politiques progressistes y soient menées. Sans quoi, les perdants seront encore une fois à trouver du côté des travailleurs avec et sans emploi, des malades et des citoyens les plus fragiles.
Christian KUNSCH,
Président du MOC
Alors que la sécurité sociale enregistre un solde positif, il est grand temps que le gouvernement fédéral se penche sur les recettes de l'État pour élaborer un budget fédéral en équilibre pour 2018. Ces dernières années, la sécurité sociale a suffisamment fait les frais des mesures d’économies et il revient à présent au gouvernement d'adopter une fiscalité juste pour faire contribuer aussi les groupes dans la société qui ont échappé jusqu'ici aux mesures d'économies.
Traditionnellement, les propositions fusent à la veille de l’établissement du budget de l'État fédéral. Et tout aussi traditionnellement, les mesures d’économies envisagées par le gouvernement Michel visent la sécurité sociale et les services collectifs. Avec, pour couronner le tout, une nouvelle vague de réformes structurelles et autant d’atteintes aux droits des travailleurs, aux allocataires sociaux et aux soins de santé. Ainsi, 902 millions d'euros d'économies structurelles ont déjà été imposées aux seuls soins de santé en 2017.
Carte blanche publiée dans Le Soir du 16 mai 2017 par un collectif de signataires dont le MOC. Savez-vous qui a dit : « La situation économique mondiale comprime les budgets des États. Le travail est bien souvent trop lourdement taxé par comparaison avec d’autres sources de revenus. Pour cette raison, la Belgique, avec 10 autres pays de l’Union européenne, souhaite élaborer un système pour taxer les transactions financières. Nous devons réussir à lever les obstacles techniques et politiques. C’est une question d’élémentaire équité. »
C’est ce qu’a déclaré le Premier ministre Charles Michel à la tribune des Nations Unies à New York le 23 septembre 2016.
La Taxe sur les transactions financières, ou TTF ou encore taxe Tobin, est une taxe à un taux infime (0,1 % pour les actions et 0,01 % pour les produits dérivés) dont devraient uniquement s’acquitter les opérateurs financiers.
Elle a deux avantages majeurs. Premièrement, rendre plus chers et donc décourager les investissements spéculatifs à court terme, y compris le trading à haute fréquence robotisé, qui n’apportent rien à l’économie réelle, et favoriser au contraire indirectement les investissements productifs à long terme.
Deuxièmement, il s’agit de produire de nouvelles rentrées budgétaires (plus de 22 milliards d’euros de recettes fiscales annuelles pour les 10 pays participants selon les dernières estimations de la Commission européenne). Ces nouvelles ressources publiques permettraient non seulement de financer les services publics et la coopération au développement, actuellement lourdement victimes des coupes budgétaires, mais aussi de remettre un peu d’équité dans le système fiscal. Et ce en faisant contribuer un secteur financier largement bénéficiaire des sauvetages aux frais des contribuables mais largement défiscalisé (le secteur financier est notamment totalement exempté de TVA).
D’ailleurs, une majorité de Belges est du même avis. Selon différents sondages, entre 56 et 61 % des Belges sont favorables à cette taxe.
Un partenaire peu accommodant
La Commission européenne a proposé une première directive en ce sens en 2011, mais s’est heurtée à l’écueil de l’unanimité des 28 États membres de l’UE, obligatoire en matière fiscale. C’est pourquoi, en 2013, 11 États membres de l’UE (Belgique, Allemagne, Estonie, qui a depuis laissé tomber ses partenaires, Grèce, Espagne, France, Italie, Autriche, Portugal, Slovénie et Slovaquie) ont décidé de contourner l’obstacle en lançant une procédure de « coopération renforcée ». Toutefois, pour que cette procédure de coopération renforcée fonctionne, il faut un minimum de 9 Etats membres.
La Belgique, n’a pas été le partenaire le plus accommodant dans cette longue négociation. Sous la pression des lobbys financiers, le ministre des Finances Johan Van Overtveldt n’a eu de cesse de soulever de nouveaux arguments pour empêcher la conclusion de négociations.
Malgré la stratégie d’enlisement des négociations de M. Van Overtveldt, après plus de quatre ans de négociations, un texte final de directive est désormais prêt à être signé et à entrer en vigueur. Suite à la demande en ce sens de la Belgique, une clause d’opt-out nationale pour les fonds de pension est désormais prévue. Après avoir ainsi obtenu satisfaction, la Belgique ne peut plus décemment s’opposer à l’accord qui est sur la table.
Selon les déclarations du ministre des Finances autrichien Hans Jörg Schelling, président du groupe des 10 pays de la coopération renforcée, suite à la dernière réunion du groupe en mars, seuls 3 pays devaient encore donner leur accord final sur le dernier compromis qui a été négocié, à savoir la Slovénie, la Slovaquie et la Belgique. L’accord doit intervenir au plus tard pour la réunion du groupe des 10 programmée en marge de la réunion du Conseil Ecofon des 23 et 24 mai prochains.
Depuis, la Slovaquie a accepté de se rallier à l’accord.
Le gouvernement belge doit donner son feu vert et permettre ainsi enfin la création d’une taxe sur les transactions financières. Comme le disait si bien Charles Michel lui-même, « c’est une question d’élémentaire équité » !
Crédit Photo : Rémy Vincent.